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Her Diary

8 mai 2012

Le confident universel

Je me souviens qu'enfant je tenais à mon journal d'avantage pour ce qu'il représentait que pour sa fonction.

Sa couverture rigide qui le démarquait des simples cahiers et son petit cadenas dont plus la clé était minuscule plus elle donnait de valeur et de mystère à l'objet. L' unique, le précieux, le temple des secrets, le livre des souvenirs compilés et entassés comme autant de trésors dans une chambre forte dont nous seules avons l 'accès. "Chose" merveilleuse, douée d'une âme à qui on s'adresse et susurre des mots complices : "mon cher journal..."

Seulement il y eu un moment où les choses deviennent plus agréables à vivre qu'à raconter, les secrets plus savoureux à partager entre amies et les désirs et vérités plus excitants à expérimenter qu'ils fussent blessants ou magnifiques. Je ne me souciait plus de ne pas retrouver ma petite clé et les pensées enfermées dans mon journal étaient déjà inscrites dans mon coeur et ma mémoire rendant ces pages de papiers dénuées d' intérêt. Je ne me souviens pas avoir eu la volonté de forcer le cadenas. Ni la curiosité, ni la nostalgie ne m'en a donné l'envie.

Longtemps j'ai associé le journal intime à la poésie de l'enfance; une sorte de pouvoir qui nous rendait maître de notre petit monde.

Je n'imaginais pas un instant à quel point ce dernier était vrai alors qu'aujourd'hui, femme, je m'aperçois que mon salut se trouvera peut être dans quelques lignes que ma main aura bien voulu rédiger pour mon âme.

Quelle utilité aurais -je eu, petite, d'avoir à disposition un outil parfaitement apte à me comprendre, à cerner chacune de mes facettes sans jamais juger de leur complexité, à accueillir mes sentiments les plus extrêmes sans jamais en être affecté et surtout capable d'assumer le fardeau de la solitude quand on ne peut s'exprimer pleinement. Ce ne sont pas des soucis d'enfant.

Ma vision romantique me fait penser qu'en d'autres temps, le journal intime était effectivement affaire de femme. Un exutoire indispensable face à la répression de la pensée libérée ou même de la simple réflexion. Une soupape qui a peut être préservée certaines d'entre elles de la folie que peut engendrer l'introversion.

 L'idée est- elle désuète de nos jours ? A-t-on aujourd'hui le droit d'exprimer pleinement notre nature, nos doutes, nos joies, nos peines sans craintes d'être incompris et de ne pas avoir à justifier chacune de nos paroles dans la peur d'être jugé ?

Rien n'a changé. Nous nous sommes toutes rendues muettes pour une raison ou pour une autre et écouter notre propre silence est parfois à la limite du soutenable.

Il y aura toujours une morale qui nous imposera de nous taire, un devoir qui nous intimera de nous taire, une raison, une logique.

"Il ne faut pas ébranler" notre environnement... au prix de se déchirer soi même. Je sais que ça n'arrive pas qu' à moi.

Alors je garde un peu de cette innocence où j'aimais m' imaginer reine de mon royaume en laissant ma main dessiner mon univers tout en gardant à l'esprit qu' aujourd'hui il ne s'agit pas que d'une amusante fantaisie mais d'un besoin vital de s'exprimer, d'exister.

 A toutes celles qui restent les lèvres closes, peut être ferais-je écho à vos pensées.

Il s'agit de mon journal, mon garde-fou...

...et peut être aussi du votre.

 

 

 

 

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